Qu'est-ce que l'éclairage public ?

L’éclairage public est un enjeu économique, environnemental et sociétal majeur. Ces trois enjeux sont imbriqués et dépendants les uns des autres. En préambule, l’AFE rappelle que l’éclairage est une réponse à un besoin humain : la vision, et qu’il est là pour compenser le manque de lumière naturelle. La recherche nous apporte tous les jours de nouvelles connaissances sur l’œil et la fonction visuelle. La vision de l’être humain est une vision diurne. Notre œil n’est pas fait pour la vision de nuit. Nous pouvons, tout au plus nous adapter à une très faible luminosité, pour une courte période et à condition d’avoir un parcours dépourvu d’obstacles et que notre vision soit parfaite.
L'éclairage public en quelques chiffres

Un constat : il n’existe pas de chiffres consolidés du parc d’éclairage public : nombre de points lumineux, pourcentage annuel de rénovation, taux de pénétration des LED, puissance par point lumineux…

L’AFE a lancé une étude, avec l’ADEME, le CEREMA, les AITF / ATTF, la FNCCR et le SERCE, pour recenser le parc d’éclairage public en France, les technologies installées, les consommations et puissances.

Aujourd’hui, nous faisons des projections à partir des connaissances (terrain, métier) de nos membres (fabricants, collectivités), des chiffres existants (baromètre ADEME 2017, chiffres EDF 2019…) pour avoir une idée du parc.

Ce que l’on peut dire, sans se tromper :


- Le parc d'éclairage public compte environ 12 millions de points lumineux contre 10,8 en 2012 soit une légèrement augmentation de l’ordre de la croissance de la population. L’augmentation du nombre de points lumineux en France correspond aux années 1990-2000 avec l’enfouissement des réseaux, une baisse concomitante de la hauteur des supports et des puissances des luminaires.


- La puissance unitaire devrait être annoncée en baisse en conséquence des ventes de LED pour passer en 2022 à 130 W contre 160 W en 2017.


- Le nombre d’heures moyen d’éclairage à puissance nominale est passé de 3 500 h en 2012 à 2 800 h en 2017 puis 2 100 h en 2022 grâce aux stratégies d’abaissement et extinction (référence : 4 100 h de fonctionnement maximal sur une année).


- La consommation totale de l’éclairage public était stable entre 2000 et 2012, entre 5,5 et 5,9 TWh. Elle est passée à 3,7 TWh en 2017 et doit se situer aujourd’hui autour de 3 TWh.

Par rapport à la consommation totale d’électricité en France (460 TWh – Chiffres RTE 2022), la consommation de l’éclairage public représente 0,65 %.


- Le taux de pénétration des LED est de 30 % environ. Le remplacement à terme des 70 % restant générera donc de l’ordre de 50 % d’économie par rapport à la situation actuelle soit une consommation maximale autour de 1.5 TWh.

Des solutions de pilotage fin, la mise en place de dispositifs d’asservissement (détecteurs, capteurs…) permettront de baisser encore un peu la consommation.


- En termes de puissance appelée, nous sommes aujourd’hui autour 1 400 MW et ce chiffre descendra d’ici 2030 à 700 MW, du fait du changement de technologie, soit une demi centrale grande capacité.


- On estime à 10 / 15 % le nombre de luminaires de plus de 25 ans : Au-delà des luminaires LED installés massivement depuis 6/8 ans, se trouvent beaucoup de luminaires routiers équipés de source à décharge (Sodium Haute Pression (SHP) de couleur jaune orangé/ Cosmohwhite (CPO) de couleur blanche) de bonne qualité ainsi que de nombreux luminaires d’éclairage d’ambiance des années 2000.

Les lampes à vapeur de mercure (communément appelées Ballon fluo) ont quasi totalement disparu. Exclues des ventes depuis 8 ans par la directive eco-design, elles étaient déjà depuis longtemps marginales dans les ventes des fabricants. De plus, nombreuses sont les collectivités qui ont commencé à placer la suppression de ces sources dans leurs priorités.


- L’énergie consommée par l’éclairage public représente :

• 32 % des consommations d’électricité des collectivités territoriales ;

• 12 % de leurs consommations toutes énergies confondues.

L'éclairage public, un service pour la sécurité des déplacements

80 % des informations que nous traitons tous les jours proviennent de la vue. L’éclairage est né d’un besoin de sécurisation de l’espace public : voir et être vu. Ce besoin existe toujours aujourd’hui. Il est accentué par les nouveaux modes de vie urbaine notamment : le travail de nuit mais aussi la vie nocturne de la ville.

L’œil humain s’adapte à trois scénarios lumineux : la vision photopique (vision diurne), la vision mésopique (entre deux) et la vision scotopique (nocturne). La vision photopique correspond à une vision au maximum de ses capacités, alors que la vision scotopique correspond à une vision à son minimum. La vision mésopique est celle qui est la plus difficile à maîtriser, étant un « entre-deux ». Elle se caractérise par une baisse d’acuité visuelle, des restrictions du champ visuel, des diminutions des contrastes, des troubles de la vision des couleurs, une mauvaise appréciation des distances et de la situation dans l’espace.

Nombre d’urbains se déplacent la nuit, à pied, en vélo, ou par des moyens motorisés. C’est pour eux que l’éclairage doit assurer un service d’aide à la vision et à la visibilité.

Nombre d’urbains se déplacent la nuit, à pied, en vélo, ou par des moyens motorisés. C’est pour eux que l’éclairage doit assurer un service d’aide à la vision et à la visibilité.

Eclairage public et crise énergétique

La crise énergétique actuelle entraîne une augmentation des prix de l’électricité et du gaz sans précédent, frappant gravement les collectivités qui doivent faire face à une explosion de leurs dépenses énergétiques.

Face à ce constat, bon nombre de collectivités n’hésitent pas, dans l’urgence, à éteindre leurs installations d’éclairage extérieur en cœur de nuit pour atténuer, voire compenser, la hausse de leur facture d’énergie. Cette solution d’urgence doit se faire en toute responsabilité, connaissance et analyse des usages des espaces extérieurs et des contraintes techniques du matériel installé.

L’arrêt partiel doit être réfléchi et ne peut être considéré à lui seul comme la solution à long terme. Il doit s’accompagner d’une rénovation complète des installations.


Quelques exemples :


Clermont-Ferrand

Chaque année, Clermont Auvergne Métropole dépense plus de 1,5 M€ pour l’éclairage public sur la commune de Clermont-Ferrand. À partir du 29 octobre 2022 à minuit, l’extinction de l’éclairage public de la ville de Clermont-Ferrand sera appliquée de minuit à 6 h du matin pour réduire la facture énergétique. Objectif : réduction de la consommation électrique de l’éclairage de 20 %. Pour des raisons de sécurité, l'éclairage est maintenu à certains endroits.


Nice

Chaque année, La Métropole niçoise dépense 6 M€ pour l’éclairage public. À partir du 30 octobre 2022 à minuit, l’extinction de l’éclairage public de la Métropole de Nice sera appliquée de 23 h à 6 h du matin pour réduire la facture énergétique. Objectif : réduction de la consommation électrique de l’éclairage de 10 %, soit une économie de 2 000 euros par jour à l'échelle de la Métropole, tout en assurant la pleine continuité de toutes les activités et des services publics.


Le sentiment de sécurité et d'insécurité

Sécuriser les déplacements nocturnes : voir et être vu

• L’œil humain s’adapte à trois scénarios lumineux : la vision photopique (vision diurne), la vision mésopique (entredeux) et la vision scotopique (nocturne). La vision photopique correspond à une vision au maximum de ses capacités, alors que la vision scotopique correspond à une vision à son minimum.

• La vision mésopique est celle qui est la plus difficile à maîtriser, étant un « entre-deux ». Elle se caractérise par une baisse d’acuité visuelle, des restrictions du champ visuel, des diminutions des contrastes, des troubles de la vision des couleurs, une mauvaise appréciation des distances et de la situation dans l’espace.

• C’est pourquoi la période hivernale est spécifiquement accidentogène (notamment pour les piétons). Le passage à l’heure d’hiver est souvent marqué par une sur-accidentalité routière des piétons aux heures de pointe : à l’aube (8h-10h) et au crépuscule (17h-19h).



La nuit et au crépuscule, la visibilité est réduite. Un piéton est donc peu visible des conducteurs et les risques d’accidents sont plus élevés. Les piétons ne sont visibles qu’à 30 mètres. Or, pour un automobiliste, la distance d’arrêt est au minimum de :

25 m (38 m sur route humide) pour une vitesse de 50 km/h
81 m (120 m sur route humide) pour une vitesse de 90 km/h

• Selon les données BAAC 2010-2014, analysées par le CEREMA en 2018 (1), le nombre d’accidents de piétons rapporté aux déplacements de piétons par heure est plus élevé lors de la période nocturne. Une illustration des résultats : L’absence d’installation d’éclairage semble avoir un impact sur la gravité de l’accident, plus souvent mortel dans ce cas.

• Les principaux enseignements tirés de l’analyse de l’accidentalité des piétons de nuit en milieu urbain sont :


Une accidentalité très marquée lors des heures de pointes du matin et du soir en semaine et en pleine nuit le week-end. L’association des chiffres d’accidentalité avec des données de mobilité confirme un fort enjeu nocturne ;

Une saisonnalité assez marquée avec un nombre accru d’accidents et d’accidents mortels sur la période comprise entre octobre et février. Ce phénomène qui, semble-t-il, est lié au facteur nuit constitue un enjeu fort pour la spécificité de l’échantillon analysé ;


Consultez le rapport du CEREMA



Eclairage public et sentiment d’insécurité : une question de genre et d’environnement

Enquête réalisée entre avril et juillet 2021 de l’Institut Paris Région

Accessible à la France métropolitaine, le questionnaire en ligne « Éclairage public : préférences et attentes des usagers » a été diffusé sur les réseaux et envoyé pour relais à plusieurs acteurs (Région, Parcs naturels régionaux, syndicats d’énergie et associations). 2 778 participants ont répondu à l’ensemble des 50 questions portant sur leurs pratiques, leurs représentations et leurs besoins en éclairage public.

Les résultats du questionnaire mettent en avant le désir d’un éclairage moins intense et adaptatif : 96% des interrogés sont favorables à une diminution de l’intensité lumineuse de manière générale et 95,1% sont favorables à une extinction partielle durant la nuit.

Le placement judicieux des sources lumineuses apparaît de loin comme le premier critère d’un éclairage sécurisant (81,4 %), devant le rendu des couleurs (10,3%), le nombre de sources lumineuses (6,2%) et l’intensité lumineuse (2,1%).

Les interrogés aspirent à une gestion différenciée en fonction de l’usage des espaces, privilégiant des éclairages tamisés ou une extinction pour les axes routiers et l’installation de détecteurs de présence pour les liaisons douces.

Les détecteurs de présence apparaissent comme une solution technique permettant de concilier le besoin exprimé d’un environnement nocturne apaisé tout en conservant un confort (voir et être vu) apporté par l’éclairage pour les déplacements urbains.

L’éclairage public doit être adapté aux points de vue des usagers pour répondre au mieux aux besoins exprimés. Il est important de parvenir à intégrer pleinement la population au processus de décision, notamment les usagers les plus à même de subir les effets d’aménagements lumineux pensés sans concertation, comme les femmes (plus sensibles à l’insécurité) ou les personnes malvoyantes et à mobilité réduite (dépendants d’éclairages répondant à certains critères).

La relation des usagers à la nuit est nuancée parce qu’elle dépend de la personne (son profil, ses représentations et son vécu dans l’espace public la nuit), mais aussi du contexte (type de quartier, usage, mode de déplacement…) et du moment considéré (périodes d’activité ou de sommeil). Quand certaines populations se sentent en insécurité la nuit (34,9 % des interrogés ont été victimes ou témoins d’une situation d’agression, de vol ou d’incivilité de nuit dans un espace public), d’autres soulignent leur besoin d’un environnement nocturne à la luminosité plus naturelle et moins intrusive (70 % des interrogés trouvent les lieux qu’ils fréquentent trop éclairés et 33 % déclarent moins bien dormir à cause d’un éclairage public intrusif).


Concevoir un éclairage adapté aux profils variés des usagers

Le premier profil est plus proche de la nature, indifférent, voire hostile, à l’éclairage, et se sent à l’aise dans l’obscurité. Il est favorable à une extinction de l’éclairage public une partie de la nuit, voire toute la nuit, au nom de la protection du ciel étoilé, de la biodiversité et de la santé. L’éclairage public, quand il est intense et homogène, est perçu comme inutile ou dommageable, et son extinction est perçue comme une mesure de bon sens. Ce profil est légèrement plus masculin et rural.

Le deuxième profil, qui représente la majorité de l’échantillon, est assez ambivalent. Plutôt favorable à une réduction générale de l’éclairage public, sans aller nécessairement jusqu’à l’extinction, il recherche un compromis entre le besoin exprimé d’une réduction de l’éclairage – pour préserver le sommeil et réaliser des économies d’énergie – et le besoin d’un éclairage qualitatif et modulable au nom de la sécurité des déplacements. Ce profil recouvre une grande diversité d’usagers.

Le troisième profil est généralement dépendant de l’éclairage pour se déplacer. Exprimant une inquiétude liée à l’obscurité et un sentiment d’insécurité – parfois fort et appuyé par des expériences personnelles –, il se dit défavorable à une extinction de l’éclairage public, perçu comme rassurant et garant de sa sécurité. Ce profil est légèrement plus féminin et plutôt urbain.

Les facteurs qui apparaissent comme les plus déterminants dans le positionnement de l’usager vis-à-vis de l’éclairage public sont le type d’environnement (densité du tissu urbain, type de quartier, proximité d’un Parc naturel régional…) et le genre. L’âge et la catégorie socioprofessionnelle n’apparaissent pas comme des facteurs clés. La variable du genre joue un rôle central dans la nature et l’intensité du sentiment d’insécurité nocturne. Les femmes ont tendance à exprimer des craintes plus fortes que les hommes, et ces craintes sont plus diversifiées, notamment concernant l’agression physique et sexuelle. Cette différence est liée à une insécurité vécue plus forte. Une partie des personnes ne souhaitant pas pratiquer d’extinction font ce choix au nom de l’égalité du droit d’accès à l’espace public. Les femmes apparaissent comme les premières victimes de l’insécurité nocturne vécue ou ressentie : leurs expériences doivent être prises en compte dans la conception des mises en lumière. La variable de l’environnement d’habitat de l’usager, elle, traduit à la fois un gradient de proximité à la nature et un gradient d’appréciation de l’éclairage pour son utilité perçue. Ainsi, les besoins exprimés pour l’éclairage sont généralement de plus en plus faibles et l’acceptabilité d’une extinction de plus en plus forte à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains.

Les groupes de travail de l'AFE

Groupe Métropoles

Créé en 2015, le groupe AFE Métropoles réunit les responsables de l'éclairage public des 14 grandes métropoles Françaises. Ces métropoles représentent 6 millions d'habitants et 2 000 000 points lumineux, soit environ 20 % du parc national d'éclairage français.

Le Groupe AFE Métropoles collabore à l'expertise scientifique et technique de l'Association française de l'éclairage. Il y apporte notamment des retours d'expérience de terrain en matière de gestion et de maintenance, mais aussi en matière de nouvelles technologies. C’est aussi un espace qui leur est proposé pour échanger entre eux et profiter des expériences des uns et des autres. Le Groupe AFE Métropoles transmet ces retours d'expérience et vient échanger avec les autres collectivités lors de la rédaction de guides ou communications AFE ou lors des manifestations, telles que les Journées nationales de la lumière de l'AFE ou le Salon des Maires.

Animateur 

Dany Joly, responsable éclairage public de Nantes Métropole

Pour toute demande concernant le groupe AFE Métropoles : afe@afe-eclairage.fr

Groupe Collectivités

Le groupe AFE Collectivités réunit les responsables éclairage public des petites, moyennes et grandes collectivités françaises urbaines comme rurales (à partir de 3 500 habitants) : communes, syndicats d’énergie… hors Grandes Métropoles. Ce groupe, exclusivement composé des responsables ou des personnes en charge de l’éclairage public des collectivités, a pour but de représenter ces villes en matière d’éclairage extérieur et de lumière. Ses membres participent activement à la rédaction de guides, articles presse et communication AFE. Ils définissent et animent des conférences (en présentiel ou webinaires) pour l’AFE. Ils sont aussi proactifs dans le développement de formation à destination des acteurs de l’éclairage public.

Animateur 

Roger Couillet, responsable éclairage public de la Ville de Douai

Pour toute demande concernant le groupe AFE Métropoles : afe@afe-eclairage.fr

Collège "Eclairage Public"

Le Collège Eclairage public est le garant de l'AFE dans ses travaux et prises de parole sur l'éclairage public. Il permet de réunir des experts d’horizons différents pour définir des positions sur des dossiers internes ou externes à l’AFE. Sous sa gouvernance, des experts peuvent être sollicités sur une question précise. Par exemple :


- Rendez-vous avec des représentants de l’Etat (MTES)

- Participation à la création d’un standard de base de données en éclairage extérieur

- Rédaction du guide AFE sur les installations d’éclairage extérieur (édition avril 2023)

- Rédaction de communications thématiques AFE

- Création de Webinaires, de conférences, de formations

Co présidence : 

Roger Couillet, responsable éclairage public de la Ville de Douai

Alain Trémeau, Directeur Innovations Eclatec


Pour participer à ce groupe de travail : afe@afe-eclairage.fr

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