Les âmes poètes de l’AFE

Clair de lune

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques,
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

— Paul Verlaine, Clair de lune (1869)

Il y a dans ce poème une lumière que l’on ne mesure pas,et pourtant, elle agit.

Ce clair de lune, Verlaine ne le décrit pas comme une source, mais comme une présence :
une lumière douce, indirecte, presque fragile,qui transforme les formes sans les contraindre.

En éclairage, nous connaissons cette sensation :
celle d’un espace où la lumière n’éblouit pas, où les contrastes sont apaisés, où l’œil se repose sans jamais s’éteindre.

Avant même que l’on parle de luminance, de diffusion ou de confort visuel, les poètes avaient déjà compris que la lumière pouvait :
– suggérer plutôt que démontrer,
– accompagner plutôt qu’imposer,
– révéler sans dominer.

 À l’approche des fêtes, cette case est une invitation à ralentir.
À se souvenir que la lumière est aussi émotion, silence, et parfois même… poésie.

Un éclairage réussi n’est pas toujours celui que l’on remarque, mais celui qui, comme ce clair de lune, laisse une impression durable.

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