Paradoxe de l’ère actuelle : si l’heure est au tout numérique, qui fait une percée remarquée chez les ménages et notamment les jeunes, le bâtiment demeure l’un des irréductibles qui n’a pas encore était transformé.
Selon ON World, il y aura 50 millions de maisons et bâtiments intelligents dans le monde en 2018. Cela représente une croissance de 600 % dans les 5 prochaines années. (Digitaljournal.com – mars 2014)
L’éclairage intelligent connaîtra un boom d’ici à 2020, et notamment grâce aux bureaux : les ventes de systèmes de contrôle d’éclairage pourraient atteindre 5,3 milliards de dollars. (Lux Review -mars 2014)
Trois marchés porteurs ont été identifiés :
- La gestion de l’énergie, qui verra l’avènement des thermostats intelligent
- La sécurité
- Et surtout, l’éclairage, en deuxième position.
Toujours selon ON World, le marché de l’éclairage intelligent passera des 300 millions de 2012 à 2 milliards d’ici à 2017. Si le tertiaire, et notamment les gestionnaires de bureaux, constituera le principal marché, le résidentiel ne sera pas en reste, puisque c’est ce secteur qui connaîtra la plus grande croissance dans les 5 prochaines années.
Il faut dire que l’éclairage intelligent bénéficie de soutiens de poids : les jeunes, chez qui le potentiel de gestion à distance est très populaire, ainsi que les bureaux, de plus en plus conscients du poids des factures d’énergie sur leur compétitivité. Les lampes et luminaires gérées à distance devraient, dans ce cadre, connaître une croissance de 250%. (Digitaljournal.com – mars 2014)
De nombreux articles ont déjà fait état de ce potentiel. Pour le Journal du Net, « l’énergie est un nouvel enjeu de compétitivité prometteur pour les entreprises françaises. A titre d’exemple, elle compte pour 10 % du coût de production d’un produit fini en France, contre deux fois moins aux Etats-Unis ».
La législation (« RT 2012, extinction de l’éclairage nocturne, CEE »…) ne ferait donc qu’inciter les entreprises à réduire leur consommation énergétique.
Elément nouveau, les entreprises seraient de plus en plus soumises à une double pression à ce sujet. La réglementation, d’une part. Mais aussi une pression de plus en plus croissante des clients et consommateurs sur le thème de la responsabilité écologique.
Trois postes sont facteurs de compétitivité pour les entreprises quand ils sont maîtrisés :
- Le parc informatique
- Le trio « CVC » (climatisation, ventilation et chauffage)
- L’éclairage
Selon l’article, « 98% des bâtiments tertiaires ne sont pas pilotés énergétiquement en France ! » (NDRL : à titre de comparaison, les Etats-Unis comptent actuellement 46 millions de compteurs intelligents, selon l’Institute for Electric Innovation - Ateliertrend.net – mars 2014). « Cela représente 850 millions de m2 soumis aux tarifs bleu et jaune qui possèdent des coûts supérieurs à 7 centimes d’euros par kWh. De nombreuses économies restent donc à réaliser, d’autant plus que le coût de l’énergie va subir une augmentation de 15 % en seulement 3 ans ».
Pourquoi alors la France n’a-t-elle pas généralisé les compteurs par réglementation (puisque cela semble être la voie choisie par la France) ? La réponse n’est pas nouvelle : le prix et le retour sur investissement jugé trop long. Mais la réponse, et surtout la filière française s’organise.
Voilà le titre accrocheur des Echos du 14 mars dernier. Dans le cadre du redressement de la « nouvelle France industrielle », un groupe de travail, emmené par Dominique Maillard, président du directoire du Réseau de transport d’électricité (RTE), s’est attelé à la tâche du dossier « smartgrid ». Il en est sorti un rapport remis à Arnaud Montebourg en mars. Ce dernier est, de façon surprenante, très optimiste sur la situation de l’industrie française dans ce secteur. « « Nous pensions qu’il y avait des points faibles en France or il y a déjà un tissu d’entreprises et pas de trou dans la raquette ».
Ce rapport a été l’occasion de donner quelques repères sur ce marché :
- 15.000 salariés (hors opérateurs de réseau)
- Une croissance autour de 10 % par an
- 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont la moitié à l’export, sur un chiffre d’affaires mondial évalué à 30 milliards d’euros en 2015. L’ambition est de le doubler d’ici 2020.
Pour atteindre cet objectif de 2020, plusieurs défis devront être relevés. Une feuille de route devrait être prête mi-avril. Tout d’abord, le véritable défi du secteur est de s’organiser : mise en commun ou regroupement de la centaine de démonstrateurs, formation, recherche et développement, « promotion de la filière à l’international »…Mais c’est sur le grand mal français, les normes, que la bataille risque de s’avérer plus délicate que prévue. Et c’est peut-être en commençant par les normes d’installations électriques qu’il faudrait commencer.
Un constat : la domotique, en révolutionnant les constructions et les systèmes de commande, a aussi complexifié les installations « en multipliant les câblages qui ont tous pour origine le courant électrique, ou solaire avec les nouvelles solutions proposées ».
Si certains sont partisans du retour au courant continu (Voir l’interview de Jacques Darmon sur le Blog de l’AFE), d’autre se tournent vers l’électricité multiplexée afin de simplifier la gestion domotique, notamment dans l’habitat. L’électricité multiplexée (celle qui « divise le courant fort (230 V) et le courant faible (12 V) pour les utiliser de manière dissociée dans l’habitat ») pourrait s’imposer comme la solution de transition. Le 230 volts servirait à l’alimentation et la mise en action des appareils, quand le 12V serait employé pour les commandes.
Les partisans de cette solution avancent que « cette solution de commande des équipements se révèle d’abord économique, puisqu’elle intègre le fonctionnement domotique à une installation électrique standard. Elle permet également de réduire le nombre de fourreaux et de cuivre, tout en proposant une installation simple et fiable, mais aussi sécurisée, par exemple dans les pièces humides. » (Eticonstruction – 18 mars 2014)