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L’enseignement de l’éclairage : contenu, perspectives et débouchés selon Sophie Camelio, professeur à l’ENSIP

Nous donnons aujourd’hui la parole à Sophie Camelio, professeur, sur le parcours Éclairage-Acoustique-Thermique de l’ENSIP. L’occasion de faire le point sur la formation et les débouchés de cet enseignement. Créée en 1984, l’école propose une formation qui intègre l’éclairage et délivre un diplôme d’ingénieur depuis 25 ans.

Pouvez-vous nous présenter le parcours Éclairage-Acoustique-Thermique ?

Le parcours EAT est un des trois parcours possibles du diplôme ENERGIE de l’ENSIP. Il a une longue vie puisque dès 1981 l’Université de Poitiers proposait une Maitrise de Sciences et Techniques « Eclairage Acoustique Climatisation » (EAC). Cette formation est devenue un diplôme d’ingénieur en 1984. La première promotion d’ingénieurs formés à l’éclairage date de 1989, presque 25 ans !

La scolarité se déroule sur 3 ans (sortie à BAC+5). Le parcours EAT est adossé au diplôme ENERGIE qui forme des ingénieurs généralistes dont la sphère de compétences et d’activités repose sur la production de l’énergie au sens large, sa conversion, son stockage et son utilisation, l’ensemble de manière rationnelle. L'originalité du parcours EAT est la triple compétence en Eclairage, Acoustique et Thermique ce qui permet d’offrir un large spectre de débouchés. Les trois domaines du parcours sont développés de façon équilibrée et sont organisés autour de 3 grandes thématiques :

-      Acoustique et Eclairage architectural(e) -  mises en lumière

-      Protection et Qualité de l'Environnement : nuisances sonores et lumineuses, ambiances thermiques

-      Confort, Qualité et Sécurité dans les bâtiments et installations industrielles

A quel niveau recrutez-vous ?

L’ENSIP recrute à BAC+2 des élèves des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles sur Concours Commun Polytechnique ainsi que, sur titre, des titulaires de DUT (Mesures Physiques, Génie Thermique, Génie Civil, pour ce qui concerne le parcours EAT) ou d’un niveau L2R (parcours renforcé). L’ENSIP propose deux diplômes : Eau et Génie Civil, ENERGIE. Le diplôme obtenu est un diplôme d’ingénieur homologué.

Quels sont les débouchés ?

Environ 25 étudiants sont diplômés chaque année dans le parcours EAT. Très peu de temps après l’obtention de leur diplôme – 2 mois en moyenne selon nos dernières enquêtes – la majeure partie d’entre eux a trouvé du travail. Les enquêtes montrent que tous ont trouvé du travail 6 mois après la sortie de l’ENSIP. Les débouchés sont nombreux puisque les étudiants peuvent s’orienter dans l’un des trois domaines. On note que la grande majorité des premiers emplois à la sortie de l’ENSIP sont des emplois d’ingénieurs d’études et d’ingénieurs d’affaires. Le type d’entreprise est essentiellement des Bureaux d’études (indépendants,  de fabricants,  ...), des PME-PMI filiales de grands groupes.

Quelle est la fourchette des salaires à la sortie de cette formation ?

Pour les deux diplômes, le salaire brut à la sortie de la formation est d’environ 30 000 € par an.

Quel est le contenu de la formation éclairage ?

Nous essayons de balayer le spectre de l’éclairage le plus large possible. Deux enseignants de l’ENSIP assurent les cours « de base », tandis que les enseignements plus spécifiques sont assurés par des professionnels de l’éclairage. Nous avons actuellement 11 intervenants en éclairage sur les deux années.

La formation en éclairage commence dès la deuxième année durant laquelle on aborde :

- Les bases fondamentales en éclairagisme : Optique, photométrie, colorimétrie, processus physiques d’émission de lumière (cours assurés par les enseignants ENSIP),

- L’éclairage intérieur (sources/lampes, luminaires, gestion de l’éclairage, bureau d’études en éclairage intérieur, normes et règlementation, RT),

- L’éclairage public (normes et installations) et notions de visibilité,

- Les LEDs (technologie, aspects techniques et pratiques, maturité des LEDs en éclairage),

- Les mises en lumière (logiciel de retouche d’image et simulation).

Au cours de la 3ème année de formation, les différents modules abordés sont les suivants :

- L’apparence visuelle (cours dispensé par un enseignant ENSIP),

- L’ergonomie visuelle,

- L’éclairage sportif et des grands espaces (normes & réglementations, projets, …),

- L’éclairage naturel et mixte,

- La conception lumière, lumière et espace,

- L’éclairage muséographique et scénique,

- Les méthodes de photosimulation

Ces enseignements s’accompagnent bien évidemment de travaux pratiques au cours desquels les étudiants abordent les différentes notions vues en cours d’un point de vue pratique :

-      Métrologie (utilisation de luxmètre, luminancemètre, colorimètre, chromamètre vidéoluminancemètre) pour la caractérisation de sources (spectre, IRC, Température de couleur),  la détermination des facteurs de réflexion, de l’UGR, du facteur lumière du jour  …

-      Simulation (logiciel de retouche d’image, logiciels de simulation d’éclairage),

-      Pilotage de projecteurs via DMX.

Au cours de la 3ème année, les étudiants ont la possibilité d’effectuer un projet de fin d’études (100 h environ) dans les différents domaines abordés au cours de la formation. En ce qui concerne l’éclairage, ces projets sont en grande majorité menés conjointement avec une entreprise ou une collectivité locale pour répondre à une demande concrète. Cela peut aller de l’audit en éclairage intérieur (tertiaire ou industriel), à des mises en lumière ou des problématiques liées à l’éclairage public …

Enfin, des stages obligatoires en 2ème année (de 3 à 4 mois) et en 3ème année (de 4 à 6 mois), parties intégrantes de la formation d’ingénieur, complètent ainsi la formation en éclairage de nos étudiants se destinant aux métiers de l’éclairage.

Comment intégrez-vous l’éclairage dans les autres composantes de la formation (acoustique, thermique) ?

Comme pour l’éclairage, les enseignements d’acoustique et de thermique sont assurés d’une part, par des enseignants ENSIP, et d’autre part par de nombreux intervenants professionnels.

Les interactions entre l'éclairage, l'acoustique et la thermique sont prises en compte dans la formation, en particulier par ces intervenants. Des problématiques communes se dégagent clairement quand ces derniers parlent de confort dans le bâtiment ou de réduction des nuisances à l'échelle d'une ville. Bien que les bureaux d'étude se positionnent généralement sur un seul des trois domaines, la triple compétence de nos étudiants est très appréciée car elle pourra être, plus ou moins ponctuellement, mise à profit.

Les liens entre éclairage et thermique ont été particulièrement renforcés ces dernières années par la prise en compte de l'éclairage artificiel imposé par la réglementation thermique et par l'intérêt d'optimiser l'apport de l'éclairage naturel aussi bien pour l'aspect thermique que pour réduire la consommation de l'éclairage artificiel.

Par ailleurs, nous complétons ces trois domaines techniques par un module (assuré par des intervenants professionnels) qui aborde les notions d’architecture et d’urbanisme, de façon à élargir le spectre et la vision de nos étudiants du futur monde professionnel qui les attend.

Comment abordez-vous l’éclairage dans les bâtiments ?

Nous intégrons l’éclairage sous trois angles : la pratique, dans le sens du fonctionnel, c’est-à-dire les usages, la gestion et la prise en compte de l’éclairage naturel, qui intervient beaucoup dans la partie thermique. Enfin, l’aspect performance énergétique est aussi abordé via le volet « thermique » de la formation.

Autre aspect de l’éclairage appliqué au bâti, les étudiants sont formés à la mise en valeur /lumière des bâtiments.

Selon vous, quel est l’avenir de l’éclairage dans les filières d’enseignement ? (Intégration dans une autre matière, filière à part, …)

Notre philosophie est d’intégrer plusieurs  matières, dont l’éclairage, dans une approche pluridisciplinaire. La triple compétence nous semble être un point fort de la formation que nous souhaitons conserver. Un enseignement seulement axé sur l’éclairage nous paraîtrait quelque peu réducteur, surtout au niveau des compétences de nos étudiants et par la même au niveau des débouchés de la formation. Dans l'avenir, nous souhaitons davantage nous tourner vers la formation continue en  proposant des modules à destination d'un public ciblé : installateurs, architectes etc...

Comment intégrez-vous les nouvelles technologies de l’éclairage dans votre formation?

La formation (cours et TP) a naturellement évolué avec les avancées technologiques. A titre d'exemple, l'enseignement sur les LED, marginal il y a 10 ans, est devenu importante. Mais c'est plus généralement la mutation du métier d'éclairagiste que nous intégrons dans notre formation en particulier par le biais des interventions de professionnels : les nouvelles technologies, mais aussi les nouveaux marchés et les nouvelles règlementations.

Quelles sont les difficultés rencontrées par vos élèves lors de la formation éclairage ? 

Les étudiants ont parfois du mal à comprendre la nécessité d'acquérir des connaissances qui ne sont pas directement rattachées à l'éclairagisme et qui sont pourtant essentiels pour leurs futurs métiers : il peut s'agir de compétences purement techniques (connaître les bases du dimensionnement électrique), ou au contraire des connaissances plus générales sur l'urbanisme, l'architecture ou le déroulement d'un projet. Ces enseignements sont assurés dans notre formation. Il reste aux étudiants de se les approprier.

Les étudiants ont-ils des difficultés pour trouver les stages ?

Non, il y a même pratiquement plus d’offres de stages en éclairage que de stagiaires. Cela s’explique par le fait que les étudiants sont peu nombreux. Sur une promotion de 25, seuls une dizaine d’étudiants en moyenne par année (2ème et 3ème année) font un stage dans l’éclairage chaque année. Et puis, l’école est bien implantée, envoyant des stagiaires dans des entreprises depuis 25 ans. Les étudiants trouvent donc des stages assez facilement, d’autant plus que notre réseau d’anciens élèves commence à être bien ancré.

Les entreprises accueillant les stagiaires les embauchent-elles ?

Cela dépend de la taille de l’entreprise. Pour les grandes, elles gardent assez souvent les stagiaires que nous leur avons envoyé. Mais pour de petites entreprises, comme les concepteurs par exemple, la situation financière ne permet pas en général d’embaucher ces jeunes, la plupart du temps.

 

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